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Corps des rivières (Le)

  • Corps des rivières (Le)
Genre : Théâtre
Rubrique : Théâtre

Note d'intention

Le spectacle propose aux spectateurs une rencontre active sur le plateau entre un auteur, une actrice burkinabè, un musicien et un metteur en scène. Il se base sur la confrontation entre deux cultures, africaine et occidentale, du point de vue historique, sacré, intime et fantasmatique.

Nous poursuivons aujourd'hui un projet franco-burkinabè entamé en 2001 au Burkina Faso avec la création de Face à face : la nuit des corps et prolongé en 2003 avec la création en France de Ils tracèrent des chemins sans direction vers la nuit de leur corps.
Il s'agit de sonder les fondements, l'histoire et l'actualité de ce désir de confrontation à un autre continent, l'Afrique. Je convoquerai les traces humaines, vidéos et sonores des deux précédents spectacles pour les activer sur scène et infiltrer de mémoire la représentation au présent. L'auteur deviendra le griot de notre histoire théâtrale franco-burkinabè dont il s'inspirera pour écrire sa nouvelle pièce.

Au Burkina, le premier spectacle réunissait quatre acteurs burkinabè, un auteur et trois acteurs français, et un chorégraphe kenyan. Il questionnait l'état des relations entre l'Occident et l'Afrique en se positionnant au Sud et s'achevait par la naissance d'un enfant conçu par deux déesses noire et blanche. En 2003, l'un des acteurs burkinabè, Roger Ouedraogo, incarnait la voix du sang, figure poétique que Yan Allegret a composée pour lui et qui tendait à amplifier la voix de toutes les morts politiques. Les spectateurs, situés dans l'espace scénique, étaient invités à écrire de façon manuscrite sur de grands panneaux de papier blanc, en réaction à ce qui avait lieu. L'auteur, présent également sur scène, écrivait en direct via un ordinateur vidéoprojeté, la naissance d'une seconde figure, féminine, en s'inspirant librement, pour dessiner ses contours, des écrits des spectateurs et de la photographie de l'actrice Dakiswendé Denise Nikièma. A partir de son visage et du travail réalisé avec elle au Burkina Faso, il a imaginé une figure poétique et politique qui se dresserait avec grâce, nourrie des paroles des autres, de leur manque d'utopies et de leurs aspirations au rite.

"Ecouter un texte, une vie, écouter le bruit des feutres sur le papier. Ressentir la manière dont tout cela résonne en soi. Finalement tout compte, même les silences. Peut-être surtout les silences.", "France-Afrique (le crime continue)" "Si je suis honnête je ne veux pas la révolution, je veux que le monde ne change pas pour me permettre d'être contre le monde. J. Genet", "l'agir au plus profond de soi", "Enterrer les blessures. Rituel. Pour la vie.", "faire sourdre les mots en manque de rites".
Ecrits de spectateurs, Ferme du bonheur - Nanterre, octobre 2003

Dans cette troisième et dernière phase de création franco-burkinabè, nous repartons du dispositif scénique précédent, du principe d'implication des spectateurs et de l'écriture en direct de l'auteur. L'acteur Roger Ouedraogo est présent via la vidéo et sa voix enregistrée. L'actrice Dakiswendé Denise Nikièma dont la venue était annoncée en 2003 incarnera l'enfant des deux déesses noire et blanche. Elle jouera sur scène la figure féminine mythologique qu'elle a inspirée à l'auteur et pourra mettre en voix des écrits des spectateurs. Le musicien Michaël Grébil, présent sur le plateau, diffusera des éclats sonores issus des précédentes étapes de création (enregistrement des représentations et des spectateurs au Burkina Faso). Il réunit aussi une matière spécifique pour ce projet (musique, paroles politiques, enregistrements actuels). Le metteur en scène accueille les spectateurs ; il resitue ce projet par rapport aux étapes de recherche précédentes et les invite à intervenir.

Cette expérience, partagée avec les spectateurs, permettra d'interroger l'énigme des liens qui relient historiquement et actuellement nos deux cultures : attraction et rejet, désir et déception, reconnaissance réciproque de sa part manquante chez l'autre et incompréhension radicale, union et séparation, exploitation et don. Au-delà, elle visera à révéler la part méconnue de collectif qui nous détermine dans notre rapport à l'autre


Clyde Chabot
Mars 2005

Distribution

Mise en scène : Clyde Chabot

Assistanat mise en scène : Anne Sophie Juvénal

Texte : Yan Allegret

Scénographie : Annabel Vergne

Lumières : Juan Del Sol

Conseil chorégraphique : Marika Rizzi

Images Vidéos : Eric Angels et Paul Ramlot

Sur scène :

Musicien :
Michaël GabriL Grebil

Acteurs :
Yan Allegret
Clyde Chabot
Anne-Sophie Juvénal
Wendlassida Roger Ouedraogo (en vidéo)
Denise Dakiswendé Nikièma

Régie : Ricardo Lopez-Munoz

Production : Dominique Le Floc'h

Coproduction : La Communauté inavouable, Théâtre du Colombier – Langaja Groupement – Bagnolet, DRAC Ile de France (Aide à la production), Avec le soutien de l'Office Artistique de la Région Aquitaine,
Remerciements : Forum / Scène conventionnée de Blanc Mesnil, Sabrina Weldman, spectateurs du village du Pô au Burkina faos

Un mot de l'auteur


Ces derniers temps, mon travail pourrait se résumer à une seule question : comment faire naître une poétique ? Dans "Ils tracèrent des chemins…", la poésie ne vient pas (ou ne peut plus venir) des vivants. J'ai donc fait parler les morts, un mort, anonyme, avec en mémoire les cadavres de Thomas Sankara, président du Burkina Faso assassiné par son frère d'arme fin 80 et de Norbert Zongo, journaliste burkinabé assassiné par le même cercle de pouvoir fin 90.
La réponse de l'écriture quant à la poétique n'était pas très joyeuse mais elle était celle-là : c'est dans la parole des morts que la poésie se trouve.
L'expérience du plateau lors de la première étape de travail fin 2003 a révélé cependant autre chose.
A travers les interventions écrites des spectateurs, à travers ma propre recherche écrite dans le temps de la représentation, à travers l'état d'incertitude et d'être ensemble qui s'est partagé au long des soirées, dans cet endroit de dingue, de terroriste, de mal-né, de repères d'improductifs qu'est la Ferme du Bonheur, peu à peu s'est ébauchée une autre poétique : celle d'une communauté éphémère, humble, dont l'attribut premier serait l'écoute (de soi, des autres, de l'invisible circulant en permanence), à la lisière du théâtre, parlant peu, mais laissant suinter sur des murs de papier, peu à peu, des mots épars, chaotiques, des tags, des paroles intimes, des cris, des désillusions, des espoirs et des dessins d'enfant.
J'ai assisté (et participé je suppose), certains soirs, à la naissance d'une poétique étrange, un jeu de résonances entre les morts et les vivants, les uns parlant à travers la voix de l'acteur, les autres à travers les corps présents et les mots écrits. C'est peut-être là que l'œuvre s'est située. C'est là qu'il faut la poursuivre, et la déplier.


Yan Allegret
Avril 2004

Extraits de presse 2003


C'est à une expérience singulière d'écriture en direct (presque) collective, que convie la metteure en scène Clyde Chabot, sur le parquet de bal de la Ferme du bonheur. Derrière le "Ils" du titre énigmatique "Ils tracèrent des chemins sans direction vers la nuit de leur corps", nous sommes, spectateurs, activement impliqués. Presque autant que l'auteur Yan Allegret et l'acteur burkinabè Wendlassida Roger Ouedraogo. Dans l'espace semé de simples chaises d'écolier, où la distinction scène / salle n'a plus cours, l'auteur est attablé au travail d'un poème dramatique entamé il y a des mois entre Chicago et Ouagadougou, et qui s'est poursuivi à Nanterre soir après soir.
L'inscription rituelle de la date du jour ouvre la séance. Dès lors, les mots déboulent devant nous, matérialisés sur écran, avec ce que cela suppose d'hésitation, de redites, d'effacement. De grandes pages blanches tendues de haut en bas attendent les nôtres et formeront au final un paysage de dazibaos. L'acteur africain s'avance lentement, un chant sur les lèvres et, dans sa bouche, les mots déjà écrits qui parlent de "morts", de "sang qui coule sous la terre des vivants". Une personne se lève pour aller inscrire une phrase. Petit à petit, les corps se déplacent, se croisent pour aller lire, dire ou écrire. Un espace commun de paroles s'élabore au fil de cette circulation.
Le terme interactif convient assez mal ici à ce qui s'apparente davantage à un échange. La communauté inavouable de Clyde Chabot et Yan Allegret pousse l'adresse au public jusqu'à l'inclure dans sa recherche depuis plusieurs projets. Les spectateurs n'en deviennent pas pour autant auteurs et l'auteur continue d'écrire depuis sa subjectivité. Il s'agit, par ce déplacement des positions respectives, de "donner droit de cité et d'action à l'altérité la plus radicale". Une utopie qui s'inscrit bien dans l'espace de la Ferme du Bonheur.

Maïa Bouteillet – Libération – 25 et 26 octobre 2003


Il y a une vraie intention qui est de créer un espace où peuvent se rencontrer à la fois l'auteur du spectacle, les comédiens et le public.
C'est vraiment un spectacle participatif, c'est un moment partagé. On lit les paroles des autres, on a envie d'écrire. Et c'est très beau. Finalement ça fonctionne vraiment. Ca repose sur presque rien mais il y a des choses qui sortent : des interrogations sur le passé, l'histoire, la démocratie, sur le corps, la technologie. Voilà c'est un petit moment très dense. C'est un moment suspendu où finalement on est invité à la fois à sentir avec les autres, à être attentif à des petits riens et aussi à s'interroger sur nous, notre position.

Naly Gérard – Radio Fréquence Paris Plurielle – 23 et 25 octobre 2003


Clyde Chabot, la metteure en scène d'un Hamlet-machine interactif brouille la limite acteur / spectateur. Dans Ils tracèrent des chemins sans direction vers la nuit de leur corps, elle catalyse un espace commun soi/autre, espace que l'écriture investit en direct avec les spectateurs conduits par Yan Allegret, auteur-metteur en scène, et qu'un acteur-conteur burkinabè maintient sous tension à partir du face à face noir/blanc. Avec pour azimut, le présent, essence du théâtre.

Mari-mai Corbel - Mouvement n° 24, septembre octobre 2003

Curriculum vitae


Clyde Chabot – metteur en scène et comédienne
Après des études de Sciences Politiques et un Doctorat à l'Institut d'Etudes Théâtrales de Paris III, elle a été l'assistante à la mise en scène de François-Michel Pesenti. Elle monte des textes d'auteurs contemporains (Pinget, Müller, Allegret) dans des formes qui impliquent le spectateur comme partenaire de jeu à part entière et qui réunissent différentes disciplines artistiques : musique, danse, vidéo, informatique. Ses créations ont été présentées récemment à la Comédie de Saint Etienne CDN de Normandie, au Forum culturel de Blanc-Mesnil et au Théâtre du Colombier – Bagnolet.

Annabel Vergne – scénographe
Après un diplôme de scénographie à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, à Paris en 1995, elle collabore comme scénographe avec Jean Boillot, Célia Houdart, Clyde Chabot, Robert Plagnol, Romain Bonnin, metteurs en scène, Marie-Jo Faggianelli, Hervé Robbe, chorégraphes, et avec le scénographe Claude Chestier sur des spectacles d'Eric Vigner puis d'Arthur Nauziciel.

Yan Allegret – auteur et comédien
Il est l'auteur et le metteur en scène de Rachel, (2000-2003) de Jouer du piano ivre, (1999) de Vermisse dich (1997); l'auteur de Monstre(s), commande du Festival Opening Nights 3, Marseille (2000); Cet étrange devoir du bonheur, pièce courte, mise en scène de Clyde Chabot (2000); A few moments of no consequenses, commande de l'INSA de Rouen (1998); La chanson de la main, mise en scène de Clyde Chabot (1997); Que vienne le moment, mise en scène de Marie Mellier (1996)
Comme acteur, il a joué Heiner Müller avec Clyde Chabot et avec Louis Dieuzayde, Eschyle avec Matthieu Cipriani, Jean-Yves Picq avec Yvan Dmitrief, Jean-Francois Santoro avec l'auteur, Euripide et Koltès avec Franck Dimech, et une création de François–Michel Pesenti.

Dakiswendé Denise Nikièma - actrice
De 1995 à 2001, elle se forme et joue pour la compagnie MARBAYASSA.
Elle participe notamment aux créations collectives de pièces de théâtre forum avec Issa SINARE, metteur en scène : M'Yaab Guela en 1996, Leocanie en 1998, Capsule rouge en 1999, La chaîne en 1998 et à la création de la Valse des Griots, fruit d'une collecte de textes d'auteurs africains tels : M.T. Pacéré, Koulsy Lamko en 1998. En 2000, elle suit un stage avec Michel Proc de la compagnie de bonne foi sur "Théâtre et Masque", en 2000 et 2001, elle participe à deux spots télévisés (CNCA, SIFA) et joue dans un film de André Hilou sur l'assainissement. En 2001, elle est actrice dans Face à face : la nuit des corps de Yan Allegret mis en scène par Clyde Chabot.

Michaël GabriL Grebil – musicien
Michaël Grébil a été nourri par des influences classique et contemporaines. Selon les groupes, il est bassiste, chanteur, contrebassiste, guitariste dans différents groupes. Il est chanteur improvisateur dans un spectacle de rue – "la petite bande passante"- avec la compagnie Décor Sonore (Pierre Sauvageot, Michel Risse). Il joue le luth médiéval, le oud (luth oriental), la cetera, la vièle à archet, les percussions orientales dans des ensembles de musique médiévale prestigieux (Hesperion XXI et Alla francesca). Il prépare un album solo acoustique qui réunit la musique médiévale et les musiques actuelles. Il collabore avec la chanteuse Zahava Seewald, (rencontre entre la musique traditionnelle, la musique electroacoustique et l'improvisation libre), album à paraître en janvier 2005 sur Tzadik, label fondé par John Zorn. Il travaille avec la compagnie de danse Hayos (Nathalie Gatineau).




Anne Sophie Juvénal – assistante à la mise en scène
Formée par Jean Perimony (1995-97), par Eva St Paul (1997-99) puis par des stages avec Caroline Guignard, Rosine Rochette, Tapa Sudana, Monique Deplace Solange Oswald, à l'Académie des arts de Minsk ; elle joue Enzo Corman avec Laurent Verceletto, Marivaux avec Pierre Waucquez et avec Kristof Langromme, Michel Houellebecq dans une création collective de la Cie Nectar, Sarah Kane et Julius Slovaki avec Urzsula Mikos .

Wenlassida Roger Ouaedraogo – comédien
De 1997 à 1999 il se forme au jeu d'acteur avec Jean-Pierre Guingané et Otto Huber, à la musique avec Adama Drame, et à la manipulation de marionnettes. Comme comédien, il joue dans Face à face : la nuit des corps de Yan Allegret mis en scène par Clyde Chabot, dans le spectacle d'ouverture du FESPACO (2001); Racines, adaptation de Charles Wattara (tournée en France en 2000); en 2000 il obtient le 1er Grand prix d'humour et du rire avec Anatole Koama et Bibata Rouamba. Il joue aussi dans Prométhée enchaîné d'Eschyle, mise en scène de Matthias Langhoff, Les Lignes de la main de Jean-Pierre Guingané et Constant Toulabou au Festival culturel des clubs UNESCO de l'Afrique de l'Ouest (FESCUAO) à Yamoussoukro (Côte d'Ivoire) en 1999. Cette même année, il effectue une tournée en France avec un spectacle de Contes et animations. Auparavant il avait joué dans Visite de la Vieille Dame de F Dürrenmatt, mise en scène J.P. Guingané (1998, tournée en Suisse); De la Chair au Trône de Amadou Kone et Charles Wattara (1997, Participation au Festival "Lycéens brûlent les planches", Paris); Ramses II Le Nègre de Gambetta Nacro (1996).

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