Dans Images de l'immigration, Gilles Dinnematin décortique un fond d'Actualités filmés couvrant une période allant du début du vingtième siècle jusqu'à l'arrêt officiel de l'immigration en 1973. Ces documents, commentés par l'historien Gérard Noiriel, nous éclairent sur la construction de la pensée publique à l'égard des étrangers.
Au travers des images d'hier et de la représentation des différentes vagues migratoires qu'elles dessinent, le film tord le coup à l'idée que certains migrants se sont intégrés " en douceur " au paysage français et qu'il existe une composante culturelle qui fait obstacle à une assimilation des étrangers d'aujourd'hui (Le rappel de la violence à l'égard des mineurs polonais en grève, pourtant fervents catholiques, est à ce titre très éloquent.)
Ces documents, qui accompagnent la construction de l'imaginaire collectif et le vocabulaire associé à " l'empire français ", composent de même celui de la décolonisation. Ils traduisent dans une économie de moyen l'impossibilité de penser l'Autre et de lui ouvrir un espace d'auto-définition. Des migrants, la plupart du temps muets, traversent l'histoire d'un pays en travailleurs fantômes. C'est également à la réflexion sur l'emprise d'une élite projetant à la société sa propre définition du monde, démodant les luttes sociales, escamotant l'histoire que nous convoque ce film qui recoud les fragments douloureux d'un vingtième siècle encore à penser.

Projection suivie d'une rencontre / débat : " Territoires des images, images des territoires : Rôle des médias dans l'appréhension de l'immigration dans la société française d'hier et d'aujourd'hui "
Avec Gérard Noiriel (historien, enseignant à l'EHESS, spécialiste de l'histoire ouvrière, de l'immigration et des processus de formation de l'État-Nation), Gilles Dinnematin, cinéaste.
En collaboration avec ACRIMED (association critique des médias) et la Cité Internationale de l'immigration. (Dans le cadre des Rencontres cinématographiques de la Seine-Saint-Denis).



Ce débat fait écho au manifeste "Ensemble pour la culture en Seine-Saint-Denis" signé par près de 3000 acteurs culturels, spectateurs, citoyens, élus, habitants de la Seine-Saint-Denis. Ce texte réaffirme les partis pris de la politique culturelle impulsée par le Conseil général et revendique la nécessité d'une politique culturelle de service public, qui par sa diversité et sa qualité, soit le contrepoids des industries culturelles de masse et de divertissement.