Avec "les hédonistes", Badia Hadj Nasser nous propose une autre image de la société marocaine.
"Une autre image du Maroc, éloignée des paramètres habituels de la littérature arabe.", peut-on lire en 4ème de couverture.
"L'hédonisme est une doctrine philosophique selon laquelle la recherche du plaisir et l'évitement du déplaisir constituent des impératifs catégoriques.". Telle est la définition de Wikipédia.
Les hédonistes de Badia Hadj Nasser sont des femmes que l'on suppose toutes marocaines, les unes évoluant en France, les autres au Maroc.
Le thème central du livre est sans doute la force intérieure que manifestent ses personnages.
Dans un style élégant et épuré et sous une apparente douceur, l'auteur s'évertue à les mettre en difficulté face à leur désir de plaisir. Par des attentes, des frustrations, des contraintes. Tous ces événements plus ou moins triviaux qui se posent à nous, que nous sommes contraints de vivre.
Le livre nous questionne sur le couple, l'amitié, le deuil, la mort. Avec une liberté de ton, un sens du récit et une justesse des descriptions, le tout dans une atmosphère baignée d'ironie et d'incertitude.
Ces nouvelles se situent dans une réalité assez précise. Les personnages souvent ont un emploi qui peut être maitresse de maison, habitent des lieux décrits en quelques traits, peuvent être artistes, intellectuels, bourgeois ou de milieu populaire.
Les époques se devinent et le temps diffère selon les nouvelles.
Il ya le temps du cinéma égyptien des années 50 avec Farid el Atrache et sa sœur Asmahan
Le temps de toute une enfance en 9 pages où une jeune fille scolarisée lit le journal écrit en français à sa tante.
Le temps qui n'efface pas le décalage entre les migrants issus des milieux populaires et les bourgeois marocains d'aujourd'hui. Un temps figé pour les premiers et dynamique pour les autres.
Le temps des amours, le temps des ruptures, le temps si particulier vécu par toutes les diasporas, les exilés.
Le temps des souvenirs, et le temps tangérois qui vous donne un sentiment d'éternité devant soi.

Ces femmes ne perdent jamais de leur dignité. Elles affirment une puissance d'agir et de penser.