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Entre-deux rêves de Pitagaba conté sur le trottoir de la radio (L') (J. Fritz)

  • Entre-deux rêves de Pitagaba conté sur le trottoir de la [...]
Date de création : 19/11/2004
Genre : Théâtre
Rubrique : Théâtre

Mise en scène Josiane Fritz
Masques Michel Proc
Scénographie Renaud Perrin
Percussions Étienne Gruel
Lumières Arnaud Richard
Jeu Fatou Ba, Laurent Barthel, Ahmed Ferhati

Une bouffonerie tragique
La pièce débute un an jour pour jour après le carnaval événement, et de l'ombre surgissent masqués les deux bouffons Parasol et Parapluie. Ces deux figures tiennent autant du clown éternellement ébahi par le monde que du griot africain, extralucide détenteur des vérités profondes concernant chacun.
C'est de leurs joutes oratoires, concours d'injures, que va naître peu à peu le récit de la tragédie de Pitagaba roi du ring et du carnaval tombé un jour d'émeute à répression sanglante, qualifié pudiquement par les médias d'"événements".
Voici qu'ils prennent les masques des absents : l'étranger qui est venu "recruter" Pitagaba puis le boxeur lui-même.

Deux couteaux tirés
La représentation du fait divers que nous conte Pitagaba pourrait se jouer comme une fugue, comme un pur acte poétique.
De l'écriture de Kossi Efoui, écriture en miroirs, en tiroirs successifs, émane un lyrisme singulier, une somptuosité qui innondent le lecteur à chaque phrase d'un flot de sensations et d'images lumineuses.
Si Kossi Efoui est un poète, il n'en est pas moins un écrivain engagé. Il a quitté le Togo "poussé par les épaules" (selon son expression) à cause de la subversion de ses écrits.
Pitagaba est aussi l'histoire de personnages aux prises avec une humanité "baclée", invivable.
Le lieu a peu d'importance, cela peut se passer en Afrique ou ailleurs, ce qui est sûr, c'est que la désespérance dont il est question dit notre époque.
A l'origine, un jeune homme, découvert par un manager de boxe, porté en quelques mois sur le devant de la scène, et qui va finir tragiquement victime de répression d'une grève de dockers.
Face à cet événement dénonçant différents maux caractéristiques de nos sociétés, certains vont choisir la posture dite du "ricaneur" : les deux bouffons qui n'ont plus que leur déraison pour refuge. Ils choisissent le futile, le grotesque de joûtes oratoires dérisoires et acides.
"N'oublie pas : toi et moi nous sommes deux langues vivantes, deux couteaux tirés."
Et puis on entend une autre musique : la voix de la mère, celle qui ne sait que répéter les mots inculqués dés l'enfance, mots humbles et eux aussi dérisoires, dictés par la pauvreté de tous les laissés pour compte du monde.
Une mère qui ne comprend rien, sinon que le malheur est son lot, une femme qui pleure la perte de l'enfant qu'elle ne comprenait pas plus que cette vie qui n'est décidément qu"'une peau de banane".
Il nous paraît important de garder ces trois voix en permanence sur le plateau et de supprimer les entrées et sorties des différents personnages afin de mieux faire résonner chaque voix des uns avec les autres.

Note d'intention de mise en scène
Les deux bouffons sont là pour dire le carnaval théâtre de l'histoire mais aussi pour évoquer une condition humaine dérisoire, désespérée, drôlatique et proche de l'univers beckettien.
Les trois personnages ne font pas d'entrée ni de sortie. Ils sont là, dans un espace temps indéfinissable, indéterminé, chacun déroulant à son tour ses pensées, ses sensations autour de l'histoire de Pitagaba.
Le récit se fait jour peu à peu, l'écriture fonctionne en tiroir, en miroir, un élément en amenant un autre pour découvrir les pièces du puzzle.
Le projet est de faire encore plus tourner la parole de chacun, comme en relais.
Les trois personnages tentent des rituels, des jeux pour exorciser le malheur qui les frappe à travers Pitagaba sachant tous trois que : "La vie est une peau de banane" pas très belle, dangereuse où le malheur a vite fait de briser tous les rêves.
La vision de l'auteur est pleine de tendresse, de délicatesse pour les humains. Il place le rire, l'humour comme seule défense contre l'âpreté des choses.

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