Pour sa vingt-cinquième édition, africolor retourne aux sources des musiques africaines, là où elles sont entrées, malgré elles, dans l’histoire mondialisée. Que ce soit par les razzias qui ont conduit à la fondation des confréries gnawas du Maroc, par la traite négrière qui déporta les musiques mandingues ou vaudoues, elles ont irrigué le globe depuis cinq siècles. A la Nouvelle-Orléans, à la Réunion ou en Ile de France, elles ont participé à l’histoire de toutes les musiques, du bal à la musique contemporaine.
Quand les âmes ensevelies avec les Kwasas des Comores ou les galions occidentaux ont sombré depuis longtemps dans l’oubli, les musiques africaines rappellent qu’elles ont circulé sur fond de déportation et qu’elles affrontent désormais de nouveaux récifs, qu’ils se nomment visas ou contraintes budgétaires. Africolor continue donc d’accueillir ces musiques, parfois naufragées du marché quand elles ne mettent pas les « formes », s’entête à programmer ces artistes que l’on appelle, sans rire, «en développement». Un quart de siècle après sa fondation, le festival sait trop bien que l’histoire de la musique passe parfois par des courants sous-marins qui créent des lames de fond.
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